La digue est connue des initiés pour la plage iconique de l’anse Source d’Argent, que nous avons tous vu un jour sur une brochure touristique.
Ses gros rochers de granit poli ont roulé jusqu’au bord de l’eau et ses palmiers sont allongés de tout leur tronc pour presque y tremper. Le sable blanc et fin se fond dans le lagon aigue-marine, jusqu’à la barrière de corail qui la souligne de bleu saphir.
Même le chemin est un joli cliché; pour y arriver il faut traverser une plantation de vanille, dépasser les tortues géantes qui paissent paisiblement au bord de la cocoteraie, puis se glisser entre les éboulis qui ferment ce sanctuaire.
Les cardinaux de Madagascar fouillent la pelouse à la recherche de graines. On pourrait les prendre pour des coquelicots s’il ne s’envolaient quand on les approche. Je me suis trouvé une espèce de nid de Marsupilami près de la piscine. J’en ai fait mon repaire aux heures chaudes, j’y travaille paresseusement, vautré à l’ombre, me trainant de temps en temps jusqu’à l’eau pour me rafraîchir, comme un gros varan alangui.
En milieu d’après-midi des nuées de grandes chauves-souris à tête rousse semblent arriver de la mer pour se délecter des fruits de la foret. Certaines d’entre elles finiront certainement en civet à la Praslinoise.
Dans une heure le soleil va se coucher. Il est temps pour moi de grimper sur mon vélo, de faire cinquante mètres jusqu’au take away pour y chercher le curry du jour à soixante roupies, une bière fraîche, et de rejoindre la plage mythique à peine plus loin pour une dernière baignade et un picnic dans les derniers éclats du couchant.